Cette huile sur toile représente un clown un peu renfermé sur lui, vu de profil, debout sur la piste d’un cirque. Cette œuvre est due au peintre Auguste Chabaud (1882-1955), spécialistes en scènes inspirées de la vie nocturnes parisiennes, ville où il séjourné longuement après 1906.
Fasciné par les lumières de la ville blafardes ou aveuglantes, il s’intéresse beaucoup au monde de la nuit et a croqué nombre de situations situées aux Folies Bergères, au Bal du Moulin Rouge ou au cirque Medrano (voir blog30/12/2015).
Ce clown au visage peu expressif, aux traits presque animal, loin de refléter la joie, est réduit au rang d’une caricature. Le blanc et le gris, utilisés impriment une ambiance qui est bien loin de la gaité et du rire que l’on est en droit d’attendre d’un tel numéro.
Dans une huile sur carton contrecollé sur bois, montrant un autre clown, Auguste Chabaud a représenté plus un juge ou un pasteur voire un croque-mort qu’un artiste de cirque. Là aussi ce personnage est loin de cultiver l’allégresse. Comme dans le premier tableau, l’œil perçoit toujours les mêmes sensations, celles de représenter la misère et la dureté de la vie.
Comme celui de Bernard Buffet (voir blog26/03/2016) le clown d’Auguste Chabaud ne cultive pas la jubilation, mais à un détail près, celui de Buffet est triste hors de la piste, le clown de Chabaud est triste aussi pendant qu’il exécute son entrée. Profondément humaine, cette œuvre rugueuse, invoque en nous des sensations primitives dont celle de la mort qui en est l’inéluctable terme.
Auguste Chabaud a longtemps caché ses œuvres, car elles allaient bien souvent à l’encontre de la morale protestante défendue par sa famille. Et ce n’est qu’au début des années cinquante, après la mort de sa mère et quand ses propres enfants furent grands, qu’Auguste Chabaud osa enfin exposer le Paris nocturne, les cafés et les cabarets, les danseuses et les prostituées, mais aussi les gares, les enseignes lumineuses, le cirque et ses clowns.
#augustechabaud