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Né à Paris en 1951, au milieu des chapiteaux de la famille Bouglione,  fils du dompteur Firmin Bouglione (voir blog25/12/2014) beau-frère d’Alexis Gruss (voir blog13/02/2012), Alexandre Romanès a reçu mercredi 9 novembre de la part de la Ministre de la Culture Audrey Azoulay, la Légion d’Honneur. Il entre ainsi dans le cercle trop fermé des tziganes honorés par la République. Seul avant lui et en 2015, le pasteur Georges Meyer avait été honoré pareillement, par le ministre de l’intérieur et des cultes Bernard Cazeneuve.

Revenons sur le parcours fort original de cet artiste qui se fait désormais appeler de son "nom de guerre" Romanès, Bouglione étant selon ses dires son "nom de jeune fille".

Comme tout enfant de la balle il entame une carrière dans le monde du cirque où notamment il pratique l’acrobatie, l’équilibriste sur échelle, et devient à l’instar de son père dompteur de fauves (voir blog10/12/2015). Mais au début des années 70, le cœur gros il quitte son clan frustré par la tournure prise par sa famille qui n'incarne plus suffisamment à ses yeux les valeurs de la culture tzigane.

Quelques années plus tard, dans les années 90, il rencontre une Gitane de la communauté roumaine du camp de Nanterre et issue de la tribu des Lovaris, Délia, qui devient sa femme. Avec son épouse il fonde le premier cirque tsigane d'Europe, composé d'un orchestre venu des Balkans et de Gitans : le Cirque Romanès.

Délia chanteuse tzigane de Roumanie, accompagne le spectacle du cirque avec un orchestre Tzigane des Balkans. Avec leurs six enfants, ainsi qu'avec leurs 6 petits-enfants, ils voyagent et font connaitre au mieux la culture Tzigane et Gitane en France ainsi qu'à l’Étranger!

Ainsi en 2010 lors de l’exposition universelle de Shangai, dans le pavillon français en plus des chefs d’œuvre prêtés par le musée d’Orsay, le cirque Romanès est présent et se produit à de nombreuses reprises. 

Mais la même année, Alexandre Romanès entre en résistance contre le gouvernement qui veut appliquer la loi interdisant le travail des enfants au sein de son cirque et se bat pour conserver ses musiciens roumains menacés d’expulsion.

Aujourd’hui le nouveau spectacle du cirque tzigane, "Si tu m'aimes plus, je me jetterai par la fenêtre de la caravane", entend décrire avec humour et poésie les vicissitudes auxquelles est confronté le cirque Romanès. En effet depuis quelques temps cet établissement installé dans le 16e arrondissement, près de la Porte Maillot, dans le square Parodi est, et c’est le moins que l’on puisse dire, mal accueilli par la population. On constate de nombreux actes de vandalisme ainsi qu’une baisse alarmante de la fréquentation suite aux attentats du 13 novembre (voir blog09/10/2015).

Pourtant le cirque Romanès c’est le partage, la fraternité, la convivialité à travers la musique, la danse, la peinture, le théâtre et aussi la littérature. Et oui car Alexandre Romanès est aussi écrivain et sort en ce moment aux éditions l’Archipel son dernier ouvrage "Les corbeaux sont les Gitans du ciel". Dans ce livre il évoque son enfance et ses rencontres avec des hommes et des femmes d’une grande modestie, mais riches de sentiments. Et aussi avec des poètes qui deviendront ses amis : Jean Genet, Jean Grosjean, Jean-Marie Kerwich, Christian Bobin et Lydie Dattas, qui lui apprendra à lire.

Ce livre qui commence ainsi : " J’ai un nom mais ce n’est pas mon vrai nom. Mon nom, le vrai, je ne le prononce jamais. Si par accident il m’arrive de le prononcer, je dis toujours que ce n’est que mon nom de jeune fille. Et puisque la vie est un combat, j’ai un nom de guerre: je m’appelle Alexandre Romanès."

Toute la personnalité de cet artiste se trouve dans ces phrases… Alexandre Romanès un homme attachant, pudique, fier, et, ardant défenseur de la cause tzigane …

#alexandreromanès

Tag(s) : #Personnalités, #Nouveau-Cirque
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