Un clown de dos, enveloppé dans son "sac" bicolore occupe la majeure partie d’une lithographie vivement colorée, alors que les autres personnages, M. Loyal, le régisseur et l’écuyère, dans l’espace de la piste sont tronqués. En quelques traits souples mais épais, Henri-Gabriel Ibels (1867-1936), croque la silhouette de ces personnages et supprime tout modelé, montrant ainsi son attachement à l’esthétique Nabis, même si les thèmes de ce mouvement artistique postimpressionniste ont rarement été le spectacle. Si l'illustration intitulée "Le Cirque" ne fait pas référence au Cirque Fernando (voir blog01/07/2012), c’est bien de cet établissement qu'il est pourtant question, tant Ibels appréciait l’endroit pour lui-même en n’y cherchant jamais l’extraordinaire ce qui attirait par contre beaucoup d’autres peintres (voir blog04/01/2016).
Fervent amateur du monde du spectacle, comme son ami Toulouse-Lautrec (voir blog17/03/2011) le parrain de l’un de ses enfants, Ibels, peintre, dessinateur, graveur, affichiste, illustrateur, surnommé le "Nabi journaliste" à cause de ses collaborations dans de nombreuses publications, se rendait régulièrement au Cirque Fernando où il y passait beaucoup de temps. Il aimait ce cirque pour son quotidien, pour ses odeurs de la piste ou de l’écurie et, pour ses artistes. Il y passait une heure ou plus afin d’y trouver le point de départ à un de ses nombreux dessins, affiches ou tableaux.
Le Thème de la piste est repris avec bonheur dans beaucoup de ses œuvres et si son inspiration semble assez liée à celle de Toulouse-Lautrec, elle reste avant tout en puisant sa trame dans la vie de la rue, des cafés concerts, des rings de boxe et sans oublié la piste parfaitement intégrée dans la mouvance Nabi, - formes synthétiques cernées d’un contour bleu de Prusse ou noir, intensité des couleurs, planéité de la surface…_ dont il fut avec Paul Sérusier, Pierre Bonnard, Maurice Denis et Paul-Élie Ranson un des membres fondateurs.
Dans une autre de ses créations de 1890, un projet d'éventail lithographié sur soie, là encore c’est le Cirque Fernando qu'Ibels croque pour représenter dans son style si caractéristique l’écuyère, le clown, l’auguste et la barrière de ce cirque montmartrois.
Ibels un peintre familier des arts de la piste et qui a utilisé le cirque Fernando comme modèle.