Danseuse et clownesse au Moulin Rouge et au Nouveau Cirque (voir blog08/12/2010), Cha-U-Kao doit son nom de scène, aux consonances japonisantes, à la retranscription phonétique des mots français "chahut" (danse acrobatique dérivée du cancan) et "chaos" que suscitait son entrée en scène. Comme la Goulue (voir blog20/09/2013), Cha-U-Kao est une figure récurrente dans l'œuvre de Toulouse-Lautrec (voir blog17/03/2011) et appartient au monde du spectacles parisien de la fin du XIXe siècle. Son métier de clown et parfois même d'acrobate la rattache toutefois plutôt à la tradition du cirque, qui passionna aussi le peintre, qu'à celle des cabarets.
Contrairement aux séries de dessins ou de lithographies dans lesquelles Cha-U-Kao apparaît sous la lumière des projecteurs, le peintre nous donne ici une image plus privée de son personnage, représenté dans un intérieur, sa loge ou un cabinet particulier. Peinte à l'huile sur carton, Cha-U-Kao s'applique à attacher la grande collerette jaune du corsage qui constitue son costume de scène. L'importance de la collerette, qui occupe une large partie de cette composition inattendue, est encore soulignée par le ruban jaune qui retient presque ironiquement le toupet blanc de la clownesse. Au-dessus d'une petite table dressée apparaît un portrait ou un miroir dans lequel se reflète un homme d'âge mûr, qui pourrait être un intime, admirateur ou client. Le cadrage insolite et les recherches de matières s'accordent bien au caractère à la fois trivial et privé de la scène.