L’automne étant là, la saison francilienne des arts de la piste peut commencer à Domont qui cette année fête la 16ème édition de son Festival International du Cirque du Val d’Oise, avec comme nation invitée : La Mongolie.
Le spectacle est orchestré par la britannique Carrie Harvey (voir blog06/04/2013) qui pour les circonstances a revêtu l’habit de présentatrice pour mettre en valeur les artistes composant un programme de haut niveau, tant par l’originalité des numéros, les risques réellement pris mais aussi par le bonheur qu’il apporte aux spectateurs présents.
Quant à l’orchestre composé de 9 musiciens, il est comme d’habitude conduit par le maestro Carmino d’Angelo (voir blog07/01/2011), qui lors du premier numéro, accompagne au bandonéon la prestation de sa petite fille Pauline qui avec Jeanne proposent avec une lenteur calculée en utilisant un quadrisse (4 drises) une série de figures académiques dans un ballet aérien.
Alex Giona, initié à la passion du cheval par son père, présente un numéro de jeu équestre où aucun équidé n’est harnaché et monte à cru afin de montrer la confiance et l’intimité qui règnent entre le dresseur et ses vedettes à quatre pattes : un pur moment de poésie équestre.
Rulo, auguste acrobate mexicain, apporte la touche comique au spectacle lors de deux entrées. En première partie il nous montre que l’art du diabolo n’a plus de secret pour lui et en seconde il nous démontre qu’il sait jongler et tenir en équilibre sur des monocycles.
L’art de la contorsion est en Mongolie une tradition ancestrale. Han Heejin ancienne élève de l’école du cirque de Oulan-Bator a été initiée dès son enfance à cette rigoureuse discipline où se mêlent équilibre et contorsion. Elle a un temps, fait partie de la Troupe "Blue Sky Girls" qui, en 2010 a obtenu à Monte-Carlo un Clown de bronze (voir blog06/01/2011). A Domont elle nous offre en solo un numéro d’art plastique où la difficulté de l’exercice se conjugue avec beauté et élégance et dans lequel l’expression corporelle est sublimée.
La seconde partie, débute par un prodigieux et affolant numéro de Trapèze volant, conçu au Cirque Nikouline de Moscou (voir blog10/13/2011) et distillé par la troupe Heroes, composé d’un porteur et de 5 voltigeurs, dont le prodige Stanislas Bogdanov dit Stas qui déjà à quinze ans tournait son premier triple. Il obtient en 2008 avecTroupe Garamov une Médaille d’argent au XXIX° Festival Mondial du Cirque de Demain. Et à Domont il propose un triple avec rotation, excusez du peu !
Un numéro de cerceau aérien nous permettra de voir la belle Alyona Pavlova qui pratique cet agrès comme un trapèze avec des lâchers de talons ou de nuque ce qui donne à sa prestation une tonicité et un dynamism non dénuée de risque.
Place ensuite aux loups de Sonia Lestienne qui vont nous montrer des exercices de sauts et de courses.
Etrange et atypique à moins que ce soit le contraire, Robert Muraine contorsionniste et mime américain propose ensuite un numéro de robot à la souplesse surnaturelle qui enchante le public.
Ekaterina Rubtsova et Dmitry Efremkin dans un sublime et sensuel numéro de sangles aériennes qui se rapproche de la technique des anneaux en gymnastique artistique. Ainsi la croix de fer que Dmitry réalise avec les sangles enroulées à ses poignets et non aux biceps comme on le voit trop souvent. Ekaterina de son côté se lâche par les talons et la nuque sans aucune sécurité, et sans jambières pour les talons !
La troupe de Mongolie extérieure termine le spectacle en proposant un équilibre sur girafe (monocycle de 2m de haut) ce qui en soi est déjà une prouesse. Mais chacune des 5 jeunes femmes, pour corser le numéro, propulsent de face ou en arrière à un rythme endiablé des bols à l’aide de la pointe du pied, sur leur tête ou sur celle d’une partenaire. Un pur moment de virtuosité sans aucune rattrape possible.
Cette année Domont est entré dans une autre dimension, avec de très bons et nombreux numéros rarement vus en France. Il lui reste néanmoins une dernière étape à franchir s’il veut être l’égal des plus prestigieux festivals, proposer 2 programmes différents comme Massy par exemple. Massy dont il se murmure qu’il pourrait ne pas aller au-delà de 2017, année où il fêtera son 25ème anniversaire. Une place serait donc à prendre, mais attendons la suite…
Ah ! Petite question pour les organisateurs.
Pourquoi les visuels de Domont 2015 montrent-ils un éléphant, un lion et une otarie, quand dans ce spectacle, il n’y a ni éléphant, ni lion ni otarie, mais des chevaux et des loups ?