Du 11 janvier au 10 février dernier s’est tenue à Marseille la 3ème édition de la B.I.A.C. (Biennale des Arts du Cirque) qui en réalité est la 4ème biennale car en 2013 a été créée dans la cadre de Marseille-Province 2013 une première manifestation circassienne .
En 2019 ce sont quatre semaines de représentations comprenant 66 spectacles, dont 29 créations, un village chapiteaux installé sur la plage du Pardo et plein d’autres endroits phocéens où vivre sa passion qui ont été proposés aux amateurs de Nouveau-cirque.
Sous la houlette de Raquel Rache de Andrade et Guy Carrara (voir blog13/01/2017) cette manifestation circassienne est devenue un rendez-vous incontournable pour les passionnés de cirque, au même titre que le Festival d’Avignon pour le théâtre ou Orange pour l’art lyrique. Mais outre l'adhésion du public, c'est celle des professionnels du secteur qui atteste de ce que cette manifestation est devenue le grand marché international du cirque.
Plusieurs raisons à cela : tout d'abord, la pléthore de compagnies présentes, permettant aux acheteurs étrangers de voir en un lieu géographique tout une étendue de propositions artistiques et circassiennes. Et le fait d'organiser cette manifestation en janvier permet aux producteurs et organisateurs d'avoir le temps d'inclure des spectacles et des artistes dans leur saison à venir.
On a pu voir lors de cette biennale beaucoup des stars de la discipline, de Vimala Pons à Johann Le Guillerm en passant par Yoann Bourgeois (voir blog19/09/2018) ou Raphaël Navarro, sans oublié le dernier spectacle "Campana" du Cirque Trottola (voir blog07/12/2018). Mais la découverte artistique de cette année se nomme Boris Gibé et sa création intitulée "L’Absolu", arrivée à Marseille précédée d’un bouche-à-oreille flatteur. C’est devenu le spectacle qu’il fallait voir absolument voir, et les programmateurs se l’arrachent déjà. Il devrait en mai prochain faire halte à Paris au Théâtre de la Cité internationale. Pour ce spectacle cet acrobate féru de bidouilles et d’architectures a mis des années à échafauder son Silo, un chapiteau de tôle d’une centaine de places, conçu à la manière d’un petit théâtre élisabéthain. Les spectateurs y pénètrent par une rampe à double hélice et se calent prudemment derrière la rambarde. Tous au balcon, sur quatre niveaux ; les individus sujets au vertige étant priés de ne pas occuper les strapontins les plus élevés.
Enfant de la balle -ses parents créateurs du Cirque Zampanos- danseur, acrobate, vidéaste et bidouilleur, Boris Gibé expérimente depuis une douzaine d’années les architectures éphémères : trépied métallique planté les pieds dans l’eau (Installation tripode, 2005), tente igloo translucide habitée par un avatar de Jacques Tati (Bull, 2008), avec il faut le dire plus ou moins de succès. On se souvient ainsi des tentures bringuebalantes des Fuyantes (2011), en association avec le circassien Camille Boitel, adaptation peu lisible du Dépeupleur, de Beckett… Mais la création suivante, Mouvinsitu – quoique difficile à suivre en raison de sa déclinaison protéiforme (exposition, petits films gaguesques et enfin, spectacle) –, se révéla un coup de maître, mettant en scène deux descendants de Buster Keaton, Boris Gibé et son compère Florent Hamon, aux prises avec un monceau de vieux papiers et un ventilateur récalcitrant. Indescriptible il faut voir, mais aussi très déconcertant…