Film français de Bernard Roland et Henri Decoin, qui devait à l’ origine, être dirigé par Orson Welles.
Ce mélo, emprunt d’une noirceur profonde relate l’histoire de Jean, dit "Fabius le téméraire" acrobate dans un cirque où chaque soir il risque sa vie en fonçant à motocyclette sur une piste verticale nommé "le Mur de la Mort". Il vit en compagnie de Martha, brave fille prête à le tirer de tous les mauvais pas. Un soir, très éméché, il regagne sa roulotte après avoir tiré dans la rue sur une inconnue, qu'il prenait pour sa femme. Mais il s'est trompé de cible, et l'a d'ailleurs ratée. Sa victime, Lucienne à peine blessée, est une célèbre imprésario, qui lui propose d'organiser un numéro particulièrement spectaculaire, le double looping de la mort en automobile. Elle le persuade qu'il est le seul capable de rééditer cet exploit, qui a coûté la vie à son précédent titulaire, l'intrépide Paul Beckmann.
Pfeiffer, directeur d'un des plus grands cirques de Paris, se dit prêt à financer l'événement. Fabius hésite, un ancien amant de Lucienne, Éric, le corps mutilé à la suite de sauts périlleux exécutés à sa demande, le met en garde contre cette créature maléfique qui sème la mort sur son passage, après avoir séduit tant d'hommes. Mais le jeune homme est subjugué par l'irrésistible Lucienne. Il met au point avec son ami Fred un maquettiste, les détails du numéro de haute voltige qu'il accomplira en grandeur nature. Pour prix de son courage, Lucienne se donne à lui. Pendant ce temps, Martha le remplace dans son numéro habituel d'acrobate, mais une fausse manœuvre, due à son inexpérience, se solde par une chute mortelle. Fabius, effondré, se venge en abattant Lucienne, puis s'en va exécuter impeccablement son numéro devant une foule en délire, avant de se livrer à la police.
Film tourné au lendemain de la guerre, Roland Bernard semble tirer son inspiration de Duvivier, Grémillon ou Carné, et il parvient à installer un climat très fort, remarquablement servi par une pléiade de grands acteurs dans les seconds rôles. Les premiers rôles sont tenus par Maria Montez, parfaite en mentor vénéneuse à défaut d’être une grande actrice, et par un Pierre Brasseur qui apporte sa candeur qu’il masque par une fausse témérité. On peut certes reprocher à Portrait d’un Assassin de petites faiblesses de scénario (le personnage joué par Von Stroheim aurait pu être bien plus développé) mais le film se révèle assez puissant par les caractères qu’il dépeint et les scènes du Mur de la Mort.
Dernier point et non des moindres, ce film permet aux circophiles de voir l’apparition des Frères Fratellin (voir blog18/05/2015), sans Paul décédé en 1940, dans leur propre rôle, ainsi que le présentateur du Cirque Rancy: Natol (voir blog19/11/2013).