Le cirque n’est pas qu’un spectacle visuel et auditif c’est aussi une manifestation olfactive où l’odorat joue un rôle essentiel. Mais de nos jours, où les déodorants règnent en maître du savoir vivre, il est prohibé d’avoir une odeur, car c’est notamment la marque de l’étranger ou de la populace, aussi, le cirque est dépourvu d’odeur et c’est bien dommage.
L’odorat est pourtant une fonction essentielle du genre humain. Ainsi de nombreuses expressions y font référence comme : " être en odeur de sainteté", "ne pas sentir quelqu’un, "sentir le soufre"… De nos jours l’odeur est plus synonyme de vulgarité que de félicité. C'est pourquoi beaucoup de cirques ont banni de leur piste certains animaux car ils sont porteurs d’odeurs et cela peut chasser le spectateur bourgeois au nez délicat.
Lorsque les éléphants et les fauves apparaissent sentez le parfum qu’ils apportent c’est l'odeur de la piste. Le parfum acide et fort des félins, l’odeur envoûtante et si particulière des éléphants voire même celle plus enveloppante du crottin des chevaux. Et rien n’est plus réjouissant lors d’un numéro de voir un cheval crotter démontrant ainsi que l’animal en déplaise aux animalistes est libre et ne peut être contraint sur une piste ! Mais c’est aussi la senteur de la viande pour les animaux ou celle de la toile des chapiteaux… toute odeur jadis qu'il était coutume de côtoyer lorsqu'on allait applaudir les circassiens.
Nombreux sont les écrivains qui ont vanté les parfums de la piste. Par exemple Francis Carco n’écrivait-il pas dans son livre "Nuits de Paris" :" Il (le cirque Medrano) répand comme l’armoire aux fruits, une odeur riche et douce qui, aussitôt vous rappelle vos jeunes années et vous console de tous vos maux… mais, l’odeur des fruits se mêlent à une autre odeur qui est celle du crottin et le plaisir augmente."
Ou Jean Cocteau (voir blog09/12/2010) dans la préface à 14 lithographies de Marcel Vertes (voir blog11/11/2012) n’écrivait-il pas: "Tous nous avons gardé le souvenir d’un monde bariolé, illuminé, isolé de l’ombre, enveloppé d’une prestigieuse odeur d’écuries, de ce sol en tapis-brosse où le crottin d’or aidait à fleurir les clowns et les acrobates."
Il n'y a pas que la madeleine chère à Proust qui nous rappelle le passé les odeurs aussi...
Et vous que pensez-vous des senteurs de la piste ?
Est-ce votre petite madeleine ou n'est-ce pas votre tasse de thé ?