La dernière saison du Cirque Plume

Le mythique Cirque Plume (voir blog13/06/16) présente cet automne, à paris au Parc de La Villette, son ultime spectacle avant de mettre un terme à sa magnifique aventure, la dernière occasion de voir ces monstres sacrés du cirque contemporain.
Le journaliste Eric Demey a profité de cet ultime spectacle pour échanger avec Bernard Kudlak un des membres fondateurs de ce célèbre établissement, alors laissons leur la parole
Eric Demey : Est-ce la fin de l’aventure pour le Cirque Plume ?
Bernard Kudlak : C’est le onzième spectacle de la compagnie, cela fait quarante ans qu’on travaille ensemble. Et les fondateurs du Cirque Plume vieillissent. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin.
E.D. : Vous n’avez pas pu former de relève ?
B.K. : J’y ai pensé, mais le Cirque Plume est devenu une grosse machine, très peu subventionnée, très structurée, qui marche bien mais qui risque gros si le succès n’est pas au rendez-vous. Il nous faut 100% de remplissage, soit 1 000 spectateurs par soir, pour ne pas perdre d’argent. Cela fait plus de trente ans que nous sommes dans cet exercice financier de funambule et personne n’a voulu reprendre ce risque. Alors, la transmission se fait via les artistes qui viennent nous voir et nous disent qu’ils ont eu envie de faire du cirque en découvrant un de nos spectacles. Cela fait 2 000 ans que la chaîne du cirque se poursuit ainsi.
E.D. : Qu’aurez-vous apporté à cette histoire du cirque ?
B.K. : Je viens de l’éducation populaire et mon rêve était de créer un art du cirque s’adressant à tous, éclairé par une forme de poésie. Tout en restant attachés à nos principes, nous avons réussi à créer un très large public qui nous suit fidèlement. Avec d’autres compagnies nées comme nous dans les années 80, comme Zingaro ou Archaos, nous avons impulsé ce renouveau du cirque qui fait qu’il y a maintenant 400 troupes en France, aux esthétiques très diversifiées.
E.D. : Ce spectacle sera donc un spectacle d’adieux ?
B.K. : Absolument pas. Il s’agit d’une création, tout comme les autres spectacles. Comme souvent, nous avons travaillé la scénographie avant d’entamer les répétitions pour voir comment nos corps et nos mythologies y prennent place. Puis vient la musique, qui tient toujours un grand rôle dans nos spectacles, composée ici par Benoît Schick. Dans La dernière saison, nous traversons les saisons dans une forêt, avec l’idée que rester sensible à la beauté de la nature est aussi une invitation à en prendre soin. Mais bien plus que dans la thèse, nous serons comme d’habitude dans la recherche de la beauté, de la fragilité et de l’émotion.