Lorsque l’on évoque la création du Cirque du Soleil, on parle toujours de son guide, du moins c’est le nom qu’il s’est donné : Guy Laliberté (voir blog30/03/2015), mais c’est aller un peu vite en besogne en oubliant le rôle essentiel d’un autre québécois : Gilles Sainte-Croix, lorsque cette petite compagnie de cirque a vu le jour au début des années 80, au Québec à Baie-Saint-Paul, dans le comté de Charlevoix.
Né en 1949, à Abitibi région à l'ouest du Québec, Gilles Sainte-Croix n’est pas issu d’une famille du spectacle, son père est fermier. Aussi dans un premier temps il dirige une auberge le "Bacon Vert" tout en s’occupant de l’animation et de l’organisation des loisirs des jeunes voyageurs qui y résident. Et parmi ces derniers on trouve un jeune cracheur de feu revenant d’Europe, Guy Laliberté. En 1980 Gilles Sainte-Croix fonde, après avoir obtenu une subvention du gouvernement québécois, une troupe de théâtre dont l’originalité est de se produire sur des échasses. Ce groupe nommé "Les Échassiers de Baie-Saint-Paul" parmi lesquels se trouve bien entendu Guy Laliberté, déambule sur des échasses, jongle, danse, crache du feu et joue de la musique; intrigant et émerveillant les résidents de l’endroit. Cette formation produit plusieurs spectacles : "la légende d’Alexis le Trotteur" (légende québécoise) ou "Le défilé du Dragon", présentés dans les principales villes du Québéc.
Puis en 1982 la troupe fonde "Le Club des talons hauts" afin d’organiser un évènement culturel, nommé Fête foraine comme au Moyen-âge où les amuseurs publics se donnent rendez-vous pour échanger et animer pendant quelques jours les rues de Baie-Saint-Paul. Et devant la réussite, cette manifestation sera renouvelé en 1983 et en 1984. Suite à ces succès Gilles Sainte-Croix, Guy Laliberté et leurs complices nourrissent dès lors un rêve fou : créer un cirque québécois. Et ça tombe bien, en 1984 le Québec pour célébrer le 450ème anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier recherche, un spectacle afin de faire rayonner les festivités dans tout La Belle Province. Et nos artistes réussissent à convaincre les organisateurs avec leur projet de spectacle, nommé Cirque du Soleil.
En l’état le projet devait durer un an mais comme on le sait le Cirque du Soleil existe toujours même si les membres fondateurs ont plus ou moins cessé leur activité.
Jusqu’en 2014, Gilles Sainte-Croix a été artiste, metteur en scène, directeur de création ou vice-président du le Cirque du Soleil. Parallèlement en 2001, il crée "Cheval Théâtre", premier spectacle équestre en Amérique du Nord, en 2011, "Circo de Los Niños", une école de cirque pour enfants, au Mexique. Mais en 2014 après être gravement tombé malade deux ans auparavant, il quitte l’entreprise de spectacle québécoise. "C’était trop gros, il y avait trop de responsabilités, indique-t-il. C’était une compagnie construite sur les opportunités. Mais à force de répondre toujours aux opportunités, les bouchées étaient devenues grosses. Dans les dernières années, le développement s’est emballé et on faisait trois shows par année. A un moment donné, mon élastique a pété."
En retrait Gilles Sainte Croix relate toute son aventure circassienne dans un livre, "Ma place au soleil" paru dernièrement . Il y compte aussi bien les petits conflits internes comme les rencontres marquantes de sa vie. Celle bien entendu avec Guy Laliberté, avec le metteur en scène Franco Dragone (voir blog10/10/2015), avec Steve Wynn, l’entrepreneur américain des casinos de Las Vegas. Il y relate son amitié avec Paul McCartney ou celle avec George Harrison, le guitariste des Beatles avec qui il a travaillé pour créer le spectacle "Love", ainsi que son son rôle de directeur de création sur "Saltimbanco", "Alegria", "Quidam", "Delirium" ou "Love"…
En 2016, il est nommé Compagnon de l’Ordre des arts et lettres du Québec et travaille à l’heure actuelle pour les spectacles de Céline Dion.
#gillessaintecroix