Charles Spiessert comme son frère cadet Roger (voir blog23/06/2015) provient d’une vieille famille de banquistes hongrois, les Spessardy montreurs d’ours dans la plus pure tradition des saltimbanques puis propriétaires d'une ménagerie ambulante. Après la première guerre mondiale ils modifient leur patronyme et se font désormais appeler Spiessert. Karl, le patriarche, a cinq enfants dont deux fils, Charles le futur directeur du cirque Pinder et Roger le futur dompteur. Si ce dernier voyant le cinématographe se développer, sillonne la France avec son cinéma voyageur, Charles, spécialisé comme son père dans les ours et tigres crée le "Cirque-ménagerie-Spessardy", mais comme les affaires de Roger se révèlent peu florissantes ce dernier rejoint son frère Charles et tous deux développent le cirque ménagerie. Mais suite aux départs des autres associés, Charles abandonne le spectacle et crée un garage, tandis que Roger rachète des avions et se lance dans les spectacles aériens forts prisés à cette époque. Mais suite à un accident au cours duquel le pilote Alloncle se tue, les deux frères décident de reprendre la route. Et comme la mode est alors à l’américanisme, le cirque Spessardy devint le "New Circus", (voir blog25/04/2013) établissement qui ne tourna qu’une saison car l’année suivante en 1928, Charles Spessiert rachète le Cirque Pinder aux filles et à la veuve d’Albert Pinder.
A la tête de cet établissement Charles s’occupe de l’administration et féru de mécanique commence à doter le cirque d’un parc automobile de grande ampleur. Rappelons que jusque-là les véhicules posédaient des roues à bandage, Charles les remplace par des pneus. Il instaure aussi les vastes caravanes en semi-remorques tractées par les dernières créations de l’industrie automobile. Innovateur aussi au niveau du spectacle, il engage des sportifs ou des chanteurs populaires comme têtes d’affiches. Il est le premier à proposer en vedette un orchestre jazzy : l’ensemble de Fred Adison (voir blog16/11/2010), le Glenn Miller français ou un M. Loyal en vogue avec Roger Lanzac (voir blog25/09/2011) ou Lucien Jeunesse (voir blog05/02/2012). Bref M. Charles comme il se fait appeler innove totalement en proposant pantomimes nautiques (voir blog01/09/2011) ou fééries sur glace (voir blog12/02/2011) obligeant à des prouesses techniques heureusement favorisées par l’intense mécanisation de l’entreprise.
Pendant la seconde guerre mondiale le cirque Pinder est remisé dans la région de Tours.
Et une fois le conflit terminé, les Américains en repartant chez eux laissent sur place des camions n’ayant pratiquement pas roulé, Charles Spessiert toujours dans le but de moderniser son matériel, saute sur l’occasion et en acquiert une bonne partie à un prix défiant toute concurrence. Une fois rééquipé le cirque Pinder considérablement agrandi, et dont la signature va devenir : Le Géant des Cirques reprend la route avec son chapiteau à 4 mâts long de 72 m accueillant comme chez Barnum 3 pistes et des écuries, longues de 100 m hébergeant 12 éléphants et une nombreuse cavalerie. Pinder pour mieux se faire connaître et entretenir sa légende va organiser dans les villes des parades somptueuses avec des chars aux dimensions extraordinaires et aux figures spectaculaires, tel le carrosse de la Reine d’Angleterre. Fin 50 début 60 Charles Spessiert va avoir comme tête d’affiches les chanteurs les plus populaires : Luis Mariano (voir blog15/05/2011), Gloria Lasso ou en vogue Dany Boy et ses Pénitents (voir blog10/12/2010), les comiques les plus tendances comme Roger Nicolas (voir blog29/01/2011). Puis Pinder va à partir de 1960 devenir le Pinder-RTF puis Pinder-ORTF suite à un accord avec l’Office de la Radio et Télévision Française ce qui lui permet d’intituler ses programmes du titre de La Piste aux Etoiles, bénéficiant largement de l’aura médiatique de cette célèbre émission de Gilles Margaritis (voir blog10/02/2011).
En 1970 le contrat avec la radio et la télévision française n’est pas renouvelé et malgré de bons programmes Pinder, comme tous les cirques français est atteint par la désaffection du public pour les arts de la piste. En 1971 Charles Spessiert décède et ce sont ses fils Serge, Willy et Jimmy qui assument le direction, mais les frais ne cessant d’augmenter, ils vendent à Jean Richard le cirque Pinder qui se nomme désormais Pinder-Jean Richard et qui va appartenir au comédien jusqu’en 1981, année où Gilbert Edelstein l’actuel propriétaire prend les commandes de ce cirque plus que centenaire.
En guise de conclusion, la famille Spiessert avait le cirque dans le sang, car outre Charles et Roger, leur sœur Yvette Spiessert a formé avec les frères Damoiseau, Marcel et Eugène Damoiseau le premier étant le mari d’Yvette le célèbre trio Léonard (voir blog19/09/2013) qui de 1928 à 1939 a fait les beaux soirs de la piste du Cirque Pinder.