Suite à seconde guerre mondiale, dans les années 50 les français se sont entichés d’un spectacle mêlant comédie, chant et danse, sorte de comédie musicale avant l’heure nommé opérette. Les têtes d’affiches sont toujours les mêmes elles pour noms : Luis Mariano, Georges Guétary, Tino Rossi et André Dassary. Et tous, oui tous les 4, ont foulé la piste magique. Le premier a fait en 1957 et 1959 chez Pinder (voir blog15/05/2011) deux tournées mémorables, le deuxième de son côté a, en 1963 fait tournée commune avec les Bouglione (voir blog18/12/2010), et quant à troisième il fut le premier à rejoindre la piste magique en étant dès 1952 la vedette d’un établissement éphémère le Super Circus (voir blog17/05/2013).
Pour mettre en valeur ces vedettes du microsillon, tout en restant dans le domaine de la piste les chapiteaux proposaient une première partie comprenant tous les ingrédients du spectacle circassien avec clowns, animaux, acrobates, aériens, cavalerie… Et une seconde partie totalement dédiée au bel canto et aux succès de ces vedettes adulées, que dis-je idolâtrés!
Par contre tout autre est la prestation que le ténor Basque André Dassary né André Deyhérassary, a à partir du 3 mai 1957, fait pendant deux mois sur la piste du cirque Medrano. Dans le programme dédié à ce spectacle on peut lire ”André Dassary ne vient pas à Medrano pour faire des prouesse acrobatiques ou battre des record, non… il vient seulement en vrai champion du bel canto, faire entendre la pureté de sa voix pour l’agrément de tous.“ Ainsi pendant que Luis Mariano sillonnait la France en compagnie du Cirque Pinder pour présenter son tour de chant, André Dassary était la vedette d’une opérette ou comme dit le programme d’une ”fantaisie musicale“ écrite tout spécialement par Raymond Vincy. Le titre ” La Route qui Chante“ faisait furieusement penser à une opérette signée Francis Lopez et Raymond Vinci, nommée ”La Route fleurie“, œuvre jouée plus de mille-cinq-cents fois lors de sa création et aujourd’hui encore une des opérettes les plus jouées. Faut-il y voir plus qu’un clin d’œil à chacun de juger.
Pour donner une coloration circassienne à cette opérette, l’action se passait lors de la tournée européenne d’un cirque et, après de multiples péripéties qui ont conduit notamment la troupe en Italie et en Espagne, on retrouvait les artistes pour le jour de la grande première parisienne. Cette intrigue permettait aussi à de véritables vedettes de la piste (Tonio et Lulu, Loriot, Dany Kane, Nadia Houcke et Marcellys) de montrer toute l’étendue de leurs talents.
André Dassary qui venait de triompher dans "La toison d'or" au Théatre du Chatelet était pour ce spectacle entouré de deux spécialistes de l’opérette, le comique Pierjac et la jeune fantaisiste Doris Marnier. Et pour pour ses débuts sur la piste montmartroise il devait chanter sous la pluie, la piste lors d’un des derniers tableaux, (on en comptait 30 au total), se trouvait couverte de pavés humides et l'eau tombait des cintres fine et serrée créant ainsi une illusion parfaite.
Et ”cerise sur le gâteau“ comme on dit aujourd’hui à l’entracte, Jérôme Medrano (voir blog16/10/2011) avait prévu une exhibition sortant de l’ordinaire ; le découpage aux chalumeau oxhydrique sous l’eau par deux hommes grenouilles. Comme quoi au cirque on peut voir des prestations inédites et originales !