L’année 2019 est une époque curieuse pour le cirque Arlette Gruss, non seulement au début de l’année un programme hiver-printemps, intitulé "L’Etoile en héritage" (voir blog29/11/2018) sans aucun fauves a tourné dans une partie de l’hexagone, mais pour la première fois le chapiteau a fait une pause cet été, saison qui était considérée il y a quelques années comme la meilleure. Depuis septembre dernier un second programme dénommé avec une pointe de provocation vis-à-vis de certains mouvements, "Bêtes de Cirque" avec un visuel montrant à la fois le faciès de Matute l’auguste des tournées 2019 et le roi des animaux est visible sur les les panneaux publicitaires. Cette nouvelle production avec des fauves est proposée aux fans de cet établissement pour fêter les 35 ans du cirque Arlette Gruss.
En revoyant le passé, quelle différence entre cette première tournée difficile au printemps 1985, qui portait accolé Arlette Gruss Grand Cirque de France et le programme de cette année ! La recette est peut être que cent fois sur le métier Gilbert Gruss remet son ouvrage et comme le disait aussi Arlette Gruss sa mère , "toutes les forces de l’entreprise doivent converger vers l’amélioration du spectacle". Et avec le temps, cette piste aux étoiles est devenue l’une des meilleures de France. D’ailleurs les autorités européennes l’ont aussi reconnu en lui décernant en 2018 un "Big Top Label" (voir blog01/10/2018) le seul à ce jour remis à un cirque français.
Mais malheureusement à la sortie de la production "Bêtes de cirqueé j’ai eu le sentiment d’être resté un peu sur ma faim, avec la sensation du déjà-vu. Ainsi depuis 2011, à part en 2015, tout programme se termine par un numéro avec des motos, Combien de fois avons-nous vu et revu les Globe of Speed, dont le nombre va selon les années de six à onze ? Combien de fois a-t-on vu Sarah Houcke, l’année dernière avec des tigres cette fois, avec des lionnes ? Combien de fois avons-nous vu Liss Mery et Damien proposant selon les programmes des acrobaties à vélo ou sur mat chinois ? Combien de fois avons-admirer les rats de Gunter Sacckman ? Combien de fois a-t-on eu droit à un déferlement de lasers mitonné par La Troupe Extra Light à la place d’un vrai numéro ? Combien de fois avons-nous vu des numéros de magie avec les mêmes disparitions et réapparitions ? Bref comme je le disais plus haut ce spectacle des 35 ans sent trop le réchauffé.
Force est de constater qu'aujourd’hui le cirque Arlette Gruss n’innove plus, il vit sur ses programmes passés. Mon tord allez-vous me dire, c’est d’être trop assidu à cette piste, d'y venir chaque année voir ce que Gilbert Gruss a concocté d’innovant… Certains vont trouver que je suis bien sévère, je ne le pense pas. Cet établissement a trop apporté, trop innové, trop créé de grands et beaux spectacles pour se taire. Comme disait le sieur Caron “Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur.”
Mais tout n’est pas à revoir, ainsi Kevin Gruss et Julia Friedrich se font un point d’honneur à proposer chaque année un numéro différent et ils nous montrent toute leur maîtrise aux sangles aériennes en présentant quelques portées originales. Innovants aussi était le charivari acrobatique présentée par la dynamique Alexis Gruss et son jovial frère Eros. Giselle Souza Santos nous donne aussi un dynamique travail avec quelques belles rattrapes osées au cerceau aérien. Matute jeune auguste chilien déjà entrevu en 2017 à Massy (voir blog16/01/2017) embarque le public dans son monde déjanté avec ses facéties sonores, jamais vulgaires mais bon enfant. N'oublions l'indispensable présence d'un orchestre composé 8 musiciens et les costumes signés chaque année Roberto Rosello (voir blog24/05/2016) ce qui donne à ce spectacle une tenue comme nulle part ailleurs en France.
Par contre il y a une nouveauté qui passe mal c’est l’absence d’un Maître des Cérémonie. Pour remédier à ce manque Kevin Sagau qui tenait ce rôle les années passées, parti pour de nouvelles aventures, a dû préalablement enregistrer en voix off ses interventions, mais le son ne remplacera jamais la présence physique, c'est ce qui se nomme la chaleur humaine.
Bon malgré tout cela je retournerai l'année prochaine voir le cirque Arlette Gruss, car il a tant apporté au cirque et il n'est pas possible de rester sur ce programme en demi teinte.
Mais au cours de ce spectacle du moins à la séance où j'étais présent il y a eu un moment amusant et improvisé. Une spectatrice au premier rang a été prise de panique et s'est réfugiée sous sa chaise au moment du numéro proposé par le bonimenteur Gunter Sacckman, elle avait la phobie des rongeurs. Aussi et bien malgré elle a fait sourire ses voisins dont votre serviteur. Comme quoi il se passe toujours quelque chose au cirque !